De Plume En Plume

Hier, ma vie était comme une rivière,

Tranquillement, elle courait dans la campagne,

Se laissant bercer par le vent dans les arbres,

Elle se baladait par là en solitaire.

Elle a traversé les saisons, toujours ainsi,

Emportant, dans ses flots à l'eau claire mais vive,

Les mille souvenirs oubliés sur ses rives,

Ce témoin laissé d'un moment de cette vie.

Les feuilles emportées par le vent en automne

Venaient délicatement se poser sur elle,

La couvrant d'un manteau aux nuances si belles,

Du brun noir des sous-bois jusqu'au rouge de la pomme.

Des milliers de flocons offerts par le frimas,

Aux formes délicates, tous ces cristaux blancs

Venaient durant l'hiver y fondre doucement.

Ils descendaient, ainsi, poussés par un vent froid.

Puis au printemps, partout, les couleurs éclataient

Comme une guirlande aux mille et une couleurs,

Elle serpentait vivant un nouveau bonheur,

Débordant, surtout, de tendresse, d'amitié

Les bateaux en papier y couraient en été,

Pliages habiles d'écoliers en vacances,

Suivis dans les fougères de course et de danses

D'enfants curieux de savoir qui allait gagner.

Quelques belles images la charmaient toujours,

L'envol de cygnes sous les arbres en été,

Un rayon de soleil traversant la forêt,

Un soleil flamboyant à la tombée du jour.

Comme par un coup de foudre, elle a changé

Maintenant, elle est comme ce torrent fougueux,

Elle a oublié tous ces chemins tortueux

Qui toujours, à jamais, marqueront son passé.

Plus pressée chaque jour, pressée d'être demain,

Ne voulant plus être maintenant, aujourd'hui,

Que cette ombre oubliée fuyant dans la nuit,

Voulant toujours rapprocher le soir du matin.

Elle rebondit sans fin sur tous les rochers,

Voulant déjà rejoindre ta vie maintenant.

Elle en oublie tout, le passé et le présent

Si pressée de s'y confondre de s'y mêler