Mains
Ce soir là, nous étions, pour rentrer à l’internat après le repas du soir, en comité réduit à deux. Après la place, nous avions vu que devant le café le plus proche de ce coté de la voie se tenait un groupe de jeunes. Nous avons donc traversé immédiatement l’avenue, mais ce n’était que reculer pour mieux sauter.
Un peu plus loin, le café de ce coté était lui aussi encombré, nous avions l’habitude de zigzaguer entre les mobylettes, mais cette fois, leurs propriétaires aussi étaient dehors.
Ma camarade descendit sur la chaussée pour contourner l’obstacle et les voitures garées le long du trottoir, je ne la suis pas pour être sure qu’une de nous d’eux arrivera à l’internat pour appeler de l’aide le cas échéant.
Je m’avance au milieu du groupe, et rapidement, je sens des mains partout sur mon corps, j’en suis complètement coincée, je ne prends pas le temps de les regarder. C’est alors que j’entends : « cent balles ou je te baisse ». Nous étions encore en francs.
L’un d’entre eux a compris à ses dépens qu’il faut se méfier des mécanismes inconnus.
Ma main gauche, libre, l’autre tenant le sac, est partie, arrivée avec force, vigueur sur une joue, le claquement en attestant Cela a eu pour effet de faire tomber toutes les mains qui m’entouraient. J’ai démarré en trombe sans prendre le temps de me retourner, je n’ai malheureusement pas vu la tête de ma cible.
;Bien entendue, à l’arrivé nous avons prévenu, et les jeunes en perditions étaient évacués avant la fin du repas les jours qui suivirent.